Juil 9, 2014
Nous les femmes, sommes cycliques, alors qu’on attend de nous que nous soyons constantes et linéaires. Le cycle menstruel est une manifestation permanente de notre pouls circulaire. Pour autant, nous ne nous l’approprions pas puisque nous continuons à ignorer sa puissance au-delà de la manifestation physique. De fait, nous sommes parfois si conditionnées que nous nous sentons incapables de guider nos propres filles, permettant ainsi que leur éducation retombe entre les mains d’amies tout aussi jeunes et peu expérimentées qu’elles. Il est possible aussi qu’en tant que mères, nous ayons bien peu de connaissances sur nos propres cycles et que nous soyons restées tellement traumatisées par nos premières expériences menstruelles vécues dans la solitude et sous la menace, que nous manquions de modèles féminins sur lesquels baser notre transmission.
Pour entrer en contact avec le pouls cyclique qui anime les femmes, les filles ont besoin d’un accompagnement aimant et proche. Dans toutes les civilisations des rituels de transition ont été utilisés pour marquer le fait qu’un individu laisse derrière lui une phase de sa vie et commençe une nouvelle étape de connaissance et perception. Ces rituels marquaient un changement de rang au sein de la communauté, comme par exemple la puberté, le mariage ou la consécration par un prêtre. Ces modifications comportaient également de nouvelles responsabilités et parfois certaines restrictions sociales.
Actuellement, nous avons perdu le concept de rituel. Surtout au moment de la puberté, que plus aucun rituel n’identifie. Subsistent seulement quelques idées autour de l’âge de la majorité, accompagné de certains droits et obligations sociales comme le droit de boire de l’alcool ou de voter. Mais nous ne possédons pas un événement spécifique pour marquer le passage de l’enfant à l’adulte, ce qui les fait osciller entre une étape et l’autre sans être au clair sur ce qu’on attend d’eux.
Le rituel de transition d’une jeune fille devrait signaler le commencement de sa vie de femme. L’acte tangible du premier saignement est un rituel naturel et ce n’est que récemment que nous avons commencé à l’ignorer en tant que tel. La vie de la jeune fille change, car elle cesse d’être linéaire et qu’elle adopte le comportement cyclique de la femme. Elle devra reconnaître, percevoir et accepter le changement en apprenant de ses propres expériences pour mûrir. Il ne s’agit pas d’un changement intellectuel, mais qui passe par le fait de sentir que l’on se transforme en jeune adulte, et pour ce faire la jeune fille aura besoin d’entrer en contact avec sa propre nature féminine.
Le premier saignement est en effet un éveil qui mérite l’accompagnement de femmes mûres qui savent ce que c’est que de vivre la vie au diapason du rythme parfait du cycle. En fait, nous aurions besoin de ritualiser la totalité de notre vie cyclique car ce n’est pas la même chose de saigner ou d’ovuler lorsque nous nous réveillons, marchons, cuisinons, faisons l’amour, étudions, travaillons ou réfléchissons. Il s’agit de moments internes totalement différents qui guident et organisent de façon subtile notre façon d’être au monde, avec une cadence et un rythme spécifiques. Peu importe que les autres ne le reconnaissent pas. C’est indispensable que nous ayons conscience et respections notre rythme en prenant en compte l’essence cyclique, changeante et circulaire de notre être féminin.
En tant que femmes, nous portons le rythme dans nos corps et les hommes peuvent le vivre à travers nous. Il ne s’agit ni plus ni moins que de la force vitale canalisée.
Laura Gutman – Source : « Los rituales de la mujer cíclica » ~Traduction Brigitte Rietzler // Temesira
Quelques ressources et idées pour guider vos ados lors de ce passage :
– le livre de Maïtié Trelaün : Stella et le Cercle des Femmes et sa page web Naître Femme
– le livre Le Fil Rouge, manuel de tes premières lunes, écrit par DeAnna L’Am, traduit par Claire Jozan-Meisel et illustré par Marie Nanouk, que vous pouvez vous procurer à travers la page de Lunafemina.
– Participer à une « Tente Rose ». Sur le modèle des Tentes Rouges (d’après le livre d’Anita Diamant)- des groupes de paroles de femmes qui s’expriment autour de thèmes en lien avec le féminin (la maternité, les cycles, l’accouchement, le couple, la relation mère-fille etc.) dans une ambiance intimiste et bienveillante-, des tentes roses voient désormais le jour (les premières ont eu lieu aux Journées des Doulas 2014)
– Regarder le documentaire Monthlies de Diana Fabianova
– Et pourquoi pas leur offrir un soin rebozo pour les accueillir dans la communauté des femmes et les honorer dans leur nouvelle vie cyclique ?
Juin 11, 2014
Les Mexicaines l’arborent depuis des siècles et ont même donné son nom à une technique de relaxation profonde, de plus en plus pratiquée en France. Pour comprendre sa puissance, nous avons testé le « soin rebozo » et découvert un patrimoine féminin universel.
Le rebozo est un châle léger, porté depuis l’époque préhispanique par les Mexicaines. En coton, il protège du soleil et peut servir de panier, y compris pour porter son bébé. Popularisé au début du siècle dernier par l’artiste nationale Frida Kahlo, son utilisation reste courante au Mexique, où il est une fierté culturelle, toutes catégories sociales confondues. A la puberté, chaque jeune fille se voit offrir son propre rebozo, symbole de féminité.
Un héritage traditionnel
Dans un pays où la figure maternelle est sacrée, l’étoffe fait l’objet d’un soin post-natal très apprécié, qui utilise l’écharpe pour ceindre les membres, lentement. Après l’accouchement, la femme est invitée à rester allongée avec son bébé pour reposer leurs corps et encourager le lien mère-enfant. Ses sœurs, tantes, amies ou voisines s’occupent d’eux et prennent en charge les tâches quotidiennes. Au bout de quarante jours, la maman reçoit le soin rebozo, qui permet de nettoyer les toxines de la grossesse et vient marquer cette nouvelle étape de sa vie. Au Mexique, Laurence Kerbarh et Virginie Derobe ont rencontré des accoucheuses traditionnelles et appris à leurs côtés les gestes de ce soin ancestral. De retour en France, elles l’ont adapté et ouvert à toutes les femmes : « Ce soin s’adresse à toutes celles qui sont en train de passer un cap dans leur vie, qui traversent une épreuve ou un changement.» Après une naissance mais aussi face au deuil, à une séparation, un mariage ou une réorientation professionnelle, le soin rebozo est l’occasion d’un recentrage personnel. Donné par deux femmes à une troisième durant deux heures et demie, il est pensé comme une célébration du corps féminin et s’adaptera à la jeune fille qui vient d’avoir ses règles comme à la femme qui entre dans sa ménopause. Une bulle hors du temps, composée de trois étapes majeures, vers une décontraction totale.
Trois femmes, trois temps forts
D’abord il y a le massage à quatre mains. L’odeur de l’huile tiède et la juste pression synchronisée des praticiennes sont une invitation au relâchement. Contrairement à un modelage simple, lorsque quatre mains vous parcourent le corps, le cerveau n’est plus capable de suivre leurs mouvements et lâche prise complètement. Puis vient le temps de la montée en chaleur dans un bain chaud ou un hammam aromatisé aux plantes. Au Mexique, la chaleur a des vertus théapeutiques. Dans les villages, la plupart des familles utilisent encore le temazcal, une petite hutte à sudation de forme utérine, adossée à la maison. Une tisane astringente composée de romarin, de piment, de cannelle et de miel est proposée tout au long du soin. L’objectif est de chauffer le corps de l’intérieur et de l’extérieur pour dilater les tissus et détendre l’esprit. La transpiration se poursuit, la receveuse allongée sous plusieurs couvertures confortables. Emmailloté délicatement, le corps est enveloppé des pieds à la tête, dans un demi-sommeil.
Enfin, c’est le resserage proprement dit : les deux femmes vont placer et nouer le rebozo, en sept points clés du corps : tête, épaules, taille, bassin, mollets et pieds. Disposée de chaque côté de leur cliente, chacune tient un bout du châle qu’elle va tendre progressivement. L’effet est remarquable sur les muscles et les tensions. « C’est elle qui nous dit quand la pression lui suffit », précise Laurence. Parce qu’elle contacte notre mémoire corporelle, celle de l’enfant, contenu, qui s’abandonne, l’expérience est d’une grande force émotionnelle.
Le but : sentir ses contours et réunifier son schéma corporel pour se retrouver soi. La richesse du soin rebozo vient de ce mélange entre méthode et savoir-être intuitif. Une connaissance transmise de femmes à femmes qui trouve ses équivalents partout dans le monde
Post-accouchement
Les femmes qui viennent d’accoucher ont toutes en commun ce besoin d’être très fermement serrées au niveau du bassin, comme pour « se refermer ». Certaines communautés africaines encouragent le port d’un pagne serré sur le bas-ventre, sans oublier la ceinture de grossesse qui n’a pas que des avantages esthétiques en post-partum. Le soin rebozo est conçu comme un passage : on clôt une situation pour s’ouvrir à une autre. « Nous appelons intention l’état d’esprit dans lequel la personne vient nous voir quand elle prend rendez-vous, explique Laurence. L’intention lui permet de poser ses attentes et à nous de l’accompagner au plus près de l’énergie dans laquelle elle se trouve. Cela peut être aussi de s’offrir une pause, tout simplement.» Proposé par environ cent quarante praticiennes certifiées à travers la France, il est enseigné, entre autres, à l’Ecole de formation rebozo et s’ouvre aux professions médicales qui y voient un véritable outil. En serrages doux ou en bercements, ces quelques centimètres carrés de fibres naturelles intéressent déjà les sages-femmes et les éducateurs spécialisés. S’il fait une arrivée discrète en France depuis quelques années, sa formule séduit et les séances s’offrent même en cadeaux entre filles, vers le partage d’une féminité heureuse.
Pour trouver des praticiennes près de chez vous, consultez l’annuaire : www.rebozoaufeminin.fr
Source : BioInfo « Le rebozo, un soin au féminin » – Lucile de la Reberdiere (22 Avril 2014)
Mar 16, 2014
La naissance n’est que le tout début de la grande aventure qu’est la maternité. C’est après que tout commence. Et c’est souvent lors de cette étape que la plupart des femmes, dans notre monde occidental, se retrouvent bien seules. Elles étaient en pleine lumière pendant la grossesse, et c’est désormais le bébé qui est au centre de l’attention. Habituées à tout gérer, à « faire », à être performantes au boulot et en famille, cette étape de réceptivité et d’accueil n’est pas facile à vivre.
D’autant que les proches susceptibles de nous soutenir dans ce passage n’habitent pas forcément à côté, les amis sont chacun absorbés par leurs vies, et nous ne sommes pas non plus habituées à demander de l’aide.
Les familles sont devenues de petites entités-la responsabilité d’accompagner un enfant qui grandit repose principalement sur 2 personnes- alors qu’auparavant, la famille élargie et la communauté étaient plus présentes. Un proverbe africain dit d’ailleurs que « pour qu’un enfant grandisse, il faut tout un village. » Alors, construisons-nous la « tribu » qui nous convient, tissons des réseaux d’entre-aide, de soutien et de partage autour de nous afin de mieux vivre le post-partum et tous les passages de vie!
Pour s’inspirer, on peut observer que dans de nombreuses cultures traditionnelles (en Asie, en Afrique, en Amérique Latine), les femmes sont bichonnées par d’autres femmes de leur famille ou de leur entourage. Elles gèrent toute l’intendance, apportent leur soutien, prodiguent des massages, cuisinent, s’occupent des autres enfants…Présence, accompagnement et transmission permettent à la nouvelle maman de mieux vivre cette transition et de pouvoir pleinement établir le lien avec son bébé. Dans ces contrées, la dépression post-partum n’existe tout simplement pas!
Shabd ‘Simran’ Adeniji est sage-femme. Elle a grandi en Inde et nous expose la vision ayurvédique du post-partum que je vous laisse découvrir :
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« J’adore partager la belle coutume indienne des relevailles pendant la période postnatale, période durant laquelle les mamans et leurs bébés restent à la maison pendant 40 jours après la naissance. Je connais bien cette tradition car j’ai grandi dans une communauté Sikh et ai vécu en Inde pendant 12 ans. En tant que mère et sage-femme ayant exercé pendant 8 ans en Nouvelle-Zélande, j’ai beaucoup de plaisir à voir la résurgence de cette pratique postnatale aux Etats-Unis, une tradition commune dans la plupart des pays non occidentaux.
Pourquoi 40 jours?
Bien que le laps de temps de cette étape varie, dans la plupart des communautés indiennes, la période des relevailles dure quarante jours ou environ six semaines, ce qui correspond au temps nécessaire à la plupart des femmes pour établir l’allaitement. Les relevailles sont également favorables à la convalescence physique et le niveau d’énergie remonte peu à peu afin de pouvoir revenir aux activités d’une vie normale. Un proverbe indien dit d’ailleurs que « les 40 premiers jours de vie auront un impact sur les 40 prochaines années de vie ».
Les quarante jours des relevailles permettent au corps de la femme de récupérer de l’intensité de l’accouchement : alors que les niveaux hormonaux changent drastiquement, l’utérus revient également à sa taille d’avant la grossesse, la production de lait s’établit et les incisions du périnée ou les césariennes cicatrisent.
Les femmes deviennent mères (même si ce n’est pas pour la première fois) en assimilant les événements liés à la naissance, en s’ajustant au manque de sommeil et en répondant aux nouvelles demandes de leur corps. Cette étape postnatale est exigeante physiquement, mais représente également une précieuse opportunité pour établir le lien avec le nouveau bébé et lui offrir une douce bienvenue en ce monde.
Que se passe-t-il pendant 40 jours?
Je me souviens très précisément des 40 jours chez moi avec ma fille nouvelle-née. En pleine lutte avec les défis de l’engorgement, tendre descente aux enfers, et les montagnes russes des changements hormonaux, j’avais besoin d’être nourrie par les autres. L’aide que mon mari et moi avons reçue nous a aidé à gagner en confiance en nous, en tant que nouveaux parents. Contrairement à ce que peuvent évoquer les relevailles, les femmes qui pratiquent cette tradition ne sont pas seules ni isolées, par conséquent leur niveau de stress et d’anxiété lié à cette nouvelle maternité baisse. Selon mon expérience, les femmes qui suivent cette pratique –y compris celles qui reçoivent de l’aide des autres- ont des taux plus bas de dépression post-partum.
L’intention primaire de 40 jours à huis clos est de fournir protection au nouveau-né délicat et sensible et de permettre à la mère de se reposer et de récupérer. En Inde, les mères sont encouragées à s’abstenir des tâches ménagères, de la préparation des repas, du nettoyage ou même de recevoir des invités. Elles peuvent profiter d’un temps souvent sous-évalué nécessaire à un repos profond et pour être avec leur nouveau-né. Sortir à l’extérieur comprend de courtes balades autour du pâté de maison pour les mamans, mais les bébés restent à la maison sauf en cas de besoin urgent de quitter la maison.
L’Ayurvéda, une médecine traditionnelle vieille de 5000 ans, considère cette période comme une étape sensible pour les mères, en particulier pour le système digestif- d’où l’accent mis sur des aliments simples et digestes. Traditionnellement, les mères reçoivent des massages à l’huile chaude tous les jours. On leur propose des aliments spécifiques mais simples et une variété de tisanes pour favoriser la convalescence et le rétablissement, booster leur immunité et améliorer la production de lait.
Comment recevoir de l’aide ?
Dans la culture traditionnelle indienne, les femmes vivent avec leur belle-famille. Après la naissance, les nouvelles mamans retournent chez leurs mères ou bien leurs mères s’installent temporairement chez elles. De nombreuses femmes proches sont habituellement disponibles pour apporter leur soutien pendant cette étape particulière. Dans nos sociétés, l’organisation post-partum requiert plus de créativité et de planification.
Certaines mamans peuvent compter sur une ou plusieurs personnes proches qui peuvent les aider pendant un temps. Pour d’autres, comme moi, la meilleure option a été de m’offrir les services de quelqu’un pour le ménage et la cuisine ainsi que de demander de l’aide à des amis proches pour d’autres types de soutien. Évidemment, c’est un engagement financier, mais pour mon mari et moi, cela a valu la peine. Je le vois comme un investissement pour le reste de ma vie et la vie de mon enfant.
Cherchez des personnes aidantes
Il est important de choisir des personnes aidantes qui sachent respecter l’espace sacré de ce moment. Les tâches peuvent comporter le filtrage des appels et des visiteurs, aider pour les lessives, préparer un « Badaam » épicé (recette à la fin de l’article), préparer des petits plats et des boissons chaudes tout au long de la journée, ou prodiguer un bon massage plantaire – comme l’a fait une amie pour moi pendant que j’allaitais mon bébé pour ce qui me semblait la millième fois de la journée. Les doulas du post-partum peuvent également remplir ce rôle en offrant leur soutien physique et émotionnel tout au long de ces 40 jours.
Dans notre communauté Sikh, un réseau constitué d’amis proches et membres de la famille apporte des repas à la fois simples et délicieux chaque jour pendant ces 40 jours. Un ami peut par exemple créer un « agenda des repas » qu’il coordonnera avec ceux qui s’engagent à cuisiner un repas par semaine pendant six semaines. Cela permet de respecter ces 40 jours pour la maman, même si aucun membre de la famille n’habite dans les environs. D’autres membres de la communauté prennent souvent en charge les autres enfants ou les animaux domestiques, ce qui est très aidant pendant cette période. Tout soutien qui réduit la pression sur la mère et la famille est un cadeau parfait pendant ces premières semaines.
Je sais bien que cela peut être un vrai défi pour les nouvelles mamans de s’organiser pour s’octroyer 40 jours de repos dans leurs vies occupées et stressantes. Certaines mamans ont besoin de retourner travailler ou ont d’autres enfants dont elles doivent s’occuper. Pour autant et malgré toutes ces circonstances, j’encourage les femmes à demander et à accepter de recevoir l’aide dont elles ont besoin pour se rétablir et créer le lien avec leur bébé. Ces premières semaines ne sont à nulle autre pareilles. Peut-être que tout le reste peut attendre pendant seulement 40 jours ? »
Recette de la boisson ayurvédique “Badaam”
Faites tremper 10 amandes toute une nuit
1 tasse de lait chaud
½ càc de Ghee (beurre clarifié)
1 càc de miel ou sirop d’érable
1 pincée de curcuma (optionnel)
Enlevez la peau des amandes. Mixez tous les ingrédients ensemble.
Faites chauffer le mélange à feu doux. Servez chaud.
Article écrit par Shabd ‘Simran’ Adeniji, sage-femme et éducatrice parentale à Santa Fe au Nouveau Mexique.
Vous pouvez également consulter sa page web : www.mynurturingsolutions.com
Source : Ayurvedic Postpartum by Peggy O’Mara ~Traduction Brigitte Rietzler // Temesira
Déc 23, 2013
Les Fêtes de Noël sont devenues une course effrénée aux achats massifs d’ordinateurs, téléphones portables, appareils photos digitaux, i-phone, i-pod et quelques jouets en plastique parmi toute cette technologie. Les principales invitées à la fête sont les cartes de crédit, exsangues dans leurs efforts pour remplir tous les vides existentiels. Nous mangeons à n’en plus pouvoir, débattons pour savoir avec quelle partie de la famille nous passerons les fêtes, ouvrons les cadeaux au milieu des pleurs d’enfants à bout….et finissons vidés après le terrible marathon.
D’un point de vue plus profond, chaque mois de décembre nous partageons le rituel du souvenir d’un vécu simple et extraordinaire : l’histoire d’une mère qui a accouché en pleine nature, entre ses chèvres, ses ânes et ses bœufs, protégée par un homme appelé Joseph. Selon les textes, Joseph partit en quête de la sage-femme, mais lorsque celle-ci arriva, Jésus était déjà né. La femme en regardant la scène s’exclama : « cet enfant qui à peine né prend déjà le sein de sa mère, deviendra un homme qui jugera selon l’Amour et non selon la Loi ». Ce beau petit fut reçu dans une atmosphère sacrée, dans la chaleur de l’étable et sous l’extase du regard aimant de sa mère. Deux mille ans plus tard, nous célébrons toujours la naissance d’un enfant dans de bonnes conditions et honorons le miracle de la vie.
Vu sous cet angle, Noël devrait être l’occasion de rendre hommage à chaque naissance de bébés maternés et cajolés. Ces enfants deviendront une génération d’hommes et de femmes qui apporteront sagesse et paix intérieure aux êtres humains. A nous donc, de décider si nous voulons vraiment continuer à consommer frénétiquement en alimentant le néant, ou si c’est le moment d’apporter un peu de clarté, de soutien et de tendresse à chaque femme prête à accoucher, en nourrissant ainsi le futur.
– Laura Gutman-
Newsletter de Laura Gutman, Décembre 2008 – Traduction Brigitte Rietzler (Temesira)
Illustration © Chloé Dewar (illustration pour une carte de vœux qui a servi au co-financement de la River House Montessori School)
Juil 20, 2013
La naissance du bébé de Kate & William est imminente. La date du terme originellement (certes non-officiellement) annoncée était le 13 Juillet. Elle est dépassée d’une semaine. So what ?
Peut-être Kate n’a-t-elle pas dévoilé la “vraie” date du terme ? C’eût été son droit, histoire de se protéger et s’épargner une pression difficile à supporter en fin de grossesse, se donner quelques jours de répit alors que le monde entier serait aux aguets. Pourtant, on voit bien que c’est peine perdue. L’excitation est à son comble et les spéculations vont bon train. Les journalistes sont sur le qui-vive et les lecteurs de tabloids bouillent et trépignent : une véritable fièvre mondiale qui fait monter la chaleur estivale d’un cran. Même Camilla et la Reine Elizabeth ne cachent plus leur impatience.
L’attente dans nos sociétés occidentales du “tout-tout de suite”, n’est pas chose facile. Nous ne savons plus être en fluidité avec le temps, les rythmes de vie, pour accepter en lâchant prise ces jours et ces secondes qui passent, riches d’enseignements et propices à la maturation. Oui, ces espaces temporels que sont les transitions sont sans cesse tronqués, manipulés, accélérés.
Qui a dit que les transitions étaient faciles à vivre ? Moments suspendus, fragiles, où surgit l’inconfort et où nos vulnérabilités sont mises à jour. Où l’on semble parfois perdre pied, et cherchons des repères qui sont en réalité à trouver par nous-mêmes, à réinventer. Moments délicats, qui préfigurent les grandes transformations intérieures, dans lesquels s’immiscent le doute, l’envie de fuir et qui nécessitent une présence à soi et à l’instant la plus entière et la plus authentique qui soit, des espaces de silence pour écouter notre voix intérieure, une patience bienveillante, et parfois un accompagnement aimant pour traverser ces mues le plus respectueusement et le plus harmonieusement possible et pouvoir ainsi accueillir le nouveau et …naître, ou renaître.
On semble bel et bien avoir oublié qu’une naissance n’est pas un instant t, mais bien un processus, un passage, avec son avant et son après, avec toute sa gamme de transitions, de reculs et d’avancées, de transformations intérieures, pour lesquelles le temps est indispensable.
Non, la date du terme n’est pas une date de péremption.
Chaque bébé, chaque maman, chaque corps se met en mouvement à son rythme, lorsqu’il est prêt. Il s’agit de rythmes intérieurs, archaïques, qui dépassent notre simple contrôle humain, des rythmes inspirés par la sagesse de la vie. Chaque corps de mère a le même potentiel, la même capacité que celui des autres mammifères à se mettre en mouvement pour donner la vie lorsque le moment est venu.
Si seulement quelqu’un pouvait, comme le dit si bien Milli Hill –blogueuse, doula et fondatrice du Mouvement pour une Naissance Positive -, réconforter, encourager Kate et toutes les mamans en attente en leur murmurant un seul mot, ‘Zwischen’, que je vous laisse découvrir dans l’article suivant, publié dans le Best Daily du 18 juillet 2013.
Brigitte Rietzler – Temesira
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Le mot qui aiderait la duchesse Kate qui a dépassé son terme.
“Elle est lovée sur le canapé, dans l’attente, une boule de bébé et d’émotions. Un amas de livres sur la grossesse, l’accouchement, les prénoms de bébés, l’allaitement…plus un mot ne peut être absorbé…Il est temps de se dépêcher et d’attendre. Ce n’est pas un endroit confortable, mais pourtant pleinement nécessaire.
Les derniers jours de grossesse -qui s’étirent parfois sur des semaines agonisantes- sont un lieu, un temps, un événement, une phase à part. C’est un temps entre deux. Pas ici, pas là non plus. Votre vieux soi et votre nouveau soi sont en équilibre sur la brèche d’une grossesse. Un pied dans votre vieil univers, un pied dans votre nouvel univers.
Ne devrait-on pas inventer un mot pour cet état d’être, un mot qui décrive le temps et le lieu où les mères s’attardent, attendant d’être appelées vers l’avant ? ”
Je ne peux cesser de penser à Kate Middleton cette semaine. Quelqu’un comme moi qui a vécu deux “longues” grossesses sait ce que c’est que de dépasser le terme, et je ne peux qu’imaginer la pesanteur de la pression supplémentaire due au fait de porter un futur monarque.
Je me demande ce que je dirais à Kate, si je pouvais lui faire passer un message. Est-ce que je lui enverrais une sélection d’articles et des statistiques sur le déclenchement ? Lui suggérerais d’abandonner la clinique Lindo en faveur d’un lieu plus intime comme Berkshire? Ou bien je lui conseillerais vivement de chercher une sage-femme ou une doula pour apporter un peu d’expertise féminine à la situation? Non – à ce stade elle a déjà fait ses choix, et poser davantage de questions ne ferait qu’ajouter du poids à ses angoisses.
Mon message serait simple : un seul mot – Zwischen…
Zwischen – un mot allemand qui signifie “entre”, utilisé par la sage-femme américaine Jana Studelska dans son magnifique message aux femmes enceintes appelé « The Last Days of Pregnancy: A Place of In-Between » (“Les derniers jours de la grossesse : un lieu entre deux”), duquel est extrait la citation qui ouvre cet article.
Il s’agit d’un écrit rassurant, pas seulement pour Kate, mais pour toute femme qui attend son bébé. En fait, à chaque fois qu’il est partagé sur les réseaux sociaux, on dirait qu’il parle aux femmes de telle sorte que cela leur apporte une énergie positive dont elles ont grand besoin à un moment de leur vie qui peut souvent être plutôt négatif.
Se sentant “rondes, gonflées et larmoyantes”, selon les mots de Studelska, les femmes qui attendent leurs bébés ne sont “ni ici, et pas encore là-bas” – le temps de préparation est fini, mais la phase suivante, celle de la naissance et du maternage paraît ne jamais arriver.
Celles qui deviennent maman pour la première fois en particulier flottent anxieusement sur le seuil entre un univers et le suivant, et le temps d’attente peut paraître inquiétant et accablant.
J’aurais aimé avoir lu les mots empreints de sagesse de Studelska au moment où j’attendais anxieusement mon premier bébé :
‘J’invoque les Zwischen prénataux comme une opportunité d’offrir du réconfort et également de la protection. Je vois bien comme il est facile d’exploiter et d’abuser de ce temps. Un déclenchement programmé est séduisant, avec ses promesses de contrôle. Des familles inquiètes et confuses peuvent se trouver brutalement face à une crise de confiance. Nous ne sommes pas dans une culture qui attend les choses, et nous ne croyons pas en la naissance normale; attendre un bébé peut sembler une véritable absurdité. Nommer ce moment invite la femme à se tourner vers son intériorité, à écouter et développer sa propre intuition. Ce qui s’avère être aussi un puissant terrain d’entrainement pour le maternage.’
Studelska, à propos du Zwischen, dit également : “C’est un temps entre deux, où l’ouverture commence. Nommer ce temps lui donne sa dimension, une expérience plus proche de l’émerveillement que de l’endurance.”
Pour ma part, ma première attente de l’accouchement a été un temps d’endurance ponctué de très peu d’émerveillement, et c’est seulement maintenant, rétrospectivement, que je me rends compte à quel point les jours de cette dernière ligne droite étaient incroyables. La vie était sur le point de changer au point de ne pas la reconnaître. La naissance et la maternité allaient me réinventer – d’un jour à l’autre.
Et maintenant, lorsque dans un rire complice, je croise le regard de ma fille de 5 ans, je suis souvent ébahie d’avoir porté une personne aussi incroyable dans mon corps, et m’émerveille de l’immense privilège qu’il m’a été donné de vivre.
Ce moment de Zwischen aurait dû être chargé d’émerveillement, mais au lieu de cela, comme beaucoup de femmes, je me suis sentie victime de l’énorme pression de voir chaque jour qui passe comme un “échec” alors que l’accouchement ne se mettait pas en route.
Cette pression est déjà présente pour Kate, avec des spéculations grandissantes sur un possible déclenchement, et certains commentateurs qui n’hésitent pas à aller jusqu’au point d’envisager qu’une césarienne soit inévitable. Et il se peut qu’ils aient raison –car si nous insistons pour considérer les derniers jours de grossesse comme un dysfonctionnement, alors nous troquons tout espoir d’émerveillement contre la recherche du contrôle – et l’augmentation de la probabilité d’une césarienne – sur laquelle une intervention médicale peut déboucher.
Alors, pour Kate, et pour toutes les femmes en attente, et également pour leurs docteurs et leurs obstétriciens, je dis : restons dans l’émerveillement. Ne nous soucions pas des angoisses de dates du terme ou de statistiques discutables, et si nous sentons que nous avons besoin de “faire quelque chose”, asseyons-nous sur nos mains un peu plus longtemps.
Chaque personne impatiente d’avoir des nouvelles de l’arrivée du bébé royal n’a besoin que d’un mot – pour nous exhorter à embrasser le mystère de se trouver à un point critique, à avoir confiance que tout se passe comme cela devrait se passer, et à donner à Kate et à toutes les femmes-dans-l’attente le soutien et la patience qu’elles méritent.
Seulement un mot, chuchoté avec confiance, pour laisser le bébé ET la maman naître lorsqu’ils seront prêts : Zwischen.
© Milli Hill
Milli Hill est auteure freelance et fondatrice du “ Positive Birth Movement ”, Mouvement pour une Naissance Positive.
Article du Best Daily du 18 Juillet 2013, traduit par Brigitte Rietzler – Temesira
Photo © TopStar Pictures