Le Premier Cri, documentaire sorti en 2007 en salles, suit des femmes sur le point de donner naissance et pendant leur mise au monde tout autour du globe. Gilles de Maistre, le réalisateur, nous emmène sur les pas de ces femmes, ces couples, ces familles, au Mexique, en Amazonie, en Inde, en Sibérie, au Canada, au Vietnam, chez les Massaï¯ du Kenya, au Japon, avec les touaregs au coeur du Sahara et en France.
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Des images fortes, émouvantes et très belles, parfois aussi très dures. Variété des environnements de naissance et des choix (ou non-choix) des couples : hypermédicalisation en Russie et au Vietnam, accouchement accompagné par des sages-femmes traditionnelles en Afrique ou en Amazonie, AAA -Accouchement Auto-Assisté (ou free-birthing)- au Canada, naissance dans l’eau avec les dauphins au Mexique… Sans jugement ni parti pris, la caméra brasse l’éventail des possibles et montre également certains rituels qui peuvent accompagner ce passage.
Car, et c’est important de le souligner, Le Premier Cri nous offre un regard avant tout culturel sur la naissance. Et force est de constater que la culture fait souvent entrave à la physiologie.
Certaines séquences nous montrent le désarroi, la soumission ou la passivité des femmes face à des logiques des systèmes sanitaires, tandis que d’autres mettent en lumière leur pleine puissance.
Selon la sensibilité et l’histoire de chacune, certaines images peuvent être difficiles à regarder, notamment la césarienne d’office, les bras attachés en croix, de la jeune femme sibérienne « qu’on ne laisse plus accoucher comme le faisaient leurs grands-mères » et qui est séparé plusieurs heures de son bébé. Violence obstétricale, ni plus ni moins.
Certains rituels pratiqués immédiatement après la naissance sur les nouveaux-nés sont également relativement perturbateurs de la physiologie. En effet, bien que la transmission fasse partie intégrante de ce processus, tous les rituels aussi respectables soient-ils ne sont pas favorables au lien maman-bébé, primordial juste après la naissance. C’est l’illustration du discours de Michel Odent qui expose dans plusieurs de ses livres – notamment «Le Bébé est un Mammifère»- la mise en place de rituels ancestraux qui perturbent explicitement le lien d’attachement de la mère à l’enfant, en retardant notamment le peau-à -peau et la mise au sein.
Intéressant aussi de constater que ce moment est éminemment féminin dans les sociétés traditionnelles (la femme est accompagnée d’autres femmes de confiance de son entourage) et que dans les sociétés occidentales plus individualistes, où les mères sont relativement isolées, certains couples choisissent parfois de recréer cette tribu.
On recroise aussi avec plaisir le Dr Yochimura sur l’à®le d’Okinawa au Japon (protagoniste d’un autre documentaire très beau, Genpin) qui lui, accompagne les femmes dans le respect de la physiologie et de leur sensibilité.
Des images et une bande son magnifiques, qui en filigrane nous ouvrent les yeux sur l’importance du choix de son accouchement, de l’accompagnement et du respect de l’intégrité de chaque femme et chaque bébé qui viennent au monde.
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