Kichari, plat indien végétarien detox

Cet automne, j’ai expérimenté le kichari sous toutes ses coutures.
Dans le cadre d’une detox ayurvédique, il a été la base de mon alimentation pendant quasiment 1 mois. Autant vous dire que je suis devenue top cheffe en la matière. Déçue au début, car j’obtenais une consistance proche du gloubi-boulga, j’ai finalement réussi à ce que le riz garde un peu de sa tenue. Car je suis de celles qui ne peut pas manger avec plaisir si visuellement le contenu de mon assiette n’est pas esthétique.

Le kichari (parfois écrit kitchari) est un plat végétarien composé de riz basmati (céréale douce pour l’intestin), légumineuse (lentilles, haricot mungo), épices et légumes.
Il est peut être consommé comme plat unique, en mode mono-diète.
L’idée est de mettre le système digestif au repos. Le kichari peut être consommé lors d’une convalescence ou si nous voulons nous remettre d’excès (par exemple après les repas de Fêtes souvent riches et arrosés). Il élimine les toxines accumulées et régènère les tissus sans générer de stress pour l’organisme.
C’est un plat qui convient à toutes les constitutions (on dit qu’il est « tridosha », c’est-à-dire qu’il équilibre les 3 doshas ou constitutions). Nourrissant, facile à digérer, il apporte énergie et satiété. Parfait aussi pour la période du post-partum.

On peut faire une monodiète de kichari le temps d’un weekend par exemple. On consommera donc exclusivement ce plat au dejeuner, ponctué d’infusions chaudes tout au long de la journée (eau chaude et gingembre par exemple) et d’un repas léger le soir (soupe de légumes). Le matin pour le petit-dej vous pouvez préparer une crème douce (à base de farines de céréales).
Au-delà de cette durée, et si c’est dans le cadre d’un traitement, veillez à être supervisés par un praticien en ayurveda (comme ce fut mon cas).

Les épices sont réchauffantes et permettent de stimuler Agni, le feu digestif. Le riz associé à une légumineuse apporte des protéines et des fibres, les légumes des fibres et des vitamines.

Pour que le plat soit le plus digeste possible, on limite le nombre de légumes à 2. La simplicité soulage notre organisme qui a moins d’informations à traiter, d’ingrédients à transformer.
L’idéal est de choisir des légumes de saison qui ont le même temps de cuisson et de les couper en petits morceaux pour que ça soit aussi synchro avec la cuisson du duo céréale + légumineuse.

Ingrédients pour 1 pers pour 1 repas :
110 g de riz basamti blanc bio
40 g de lentilles corail bio
200 g de légumes de saison (carotte et courge en hiver par exemple)
1/2 cc de graines de fenouil
1 cc de cumin en poudre
2 capsules de cardamome : en extraire les graines et les écraser
1 cs de ghee ou huile de sésame (non-torréfiée)
1 cc de curcuma en poudre
1/2 cc de gingembre en poudre
1 pincée de sel
Herbes aromatiques fraîches : coriandre ou persil plat
Option : oignon ou tronçon de blanc de poireau

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Rincez le riz et les lentilles abondamment.
Pelez, lavez et coupez les légumes en petits dés (les carottes cuisant plus lentement que la courge, je les coupe en plus petits morceaux)
Dans une casserole, faites chauffer les épices (cumin, fenouil, cardamome) dans le ghee ou l’huile de sésame. Cette étape permet de libérer les saveurs et les propriétés des épices.
Ajoutez un petit oignon émincé ou quelques lamelles de blanc de poireau et faites dorer un peu. Puis ajoutez le curcuma et le gingembre, le riz et les lentilles et remuez pendant 1 mn. Ajoutez ensuite les légumes, remuez à nouveau pour que tous les ingrédients s’imprègnent des épices, puis versez de l’eau froide à niveau et couvrez.
Laissez cuire à feu moyen jusqu’à ce que le mélange fasse de petites bulles, puis baissez à feu doux et laissez cuire jusqu’à ce que la préparation ait absorbé l’eau. Vérifiez de temps en temps si vous avez besoin de rajouter de l’eau, un peu comme pour le risotto (le riz et les lentilles doivent être cuits, vous pouvez aussi piquer les légumes pour vérifier la cuisson).
J’aime bien mélanger de temps en temps le kichari, pour que le riz cuise de façon homogène sans s’agglomérer dans le fond de la casserole et que les épices se diffusent bien.
Servez et ajoutez les herbes aromatiques ciselées et une pincée de sel.

Quelques conseils :
Utilisez des produits frais de saison, bio ou de l’agriculture raisonnée (circuits courts etc.) afin d’avoir le maximum de nutriments et vitamines. Prévoyez la quantité juste pour un repas : évitez de congeler ou de réchauffer. En ayurveda on dit que l’alimentation contient -outre les nutriments et vitamines- du prana (ou du jing dans la diétiétique du Tao), c’est-à-dire un certain niveau de vitalité. Il est donc important de ne pas générer de restes pour que notre alimentation soit vivante.

Combinaisons à piocher par saisons :
Automne-Hiver :
carotte, courge (butternut, potimarron…), panais, épinards (les ajouter coupés en lamelles quelques minutes avant la fin de la cuisson), patate douce, chou-fleur, navet, céleri, brocoli
Printemps-Eté : épinards, petits pois, asperge, courgette, fenouil

La vision ayurvédique du post-partum

La naissance n’est que le tout début de la grande aventure qu’est la maternité. C’est après que tout commence. Et c’est souvent lors de cette étape que la plupart des femmes, dans notre monde occidental, se retrouvent bien seules. Elles étaient en pleine lumière pendant la grossesse, et c’est désormais le bébé qui est au centre de l’attention. Habituées à tout gérer, à « faire », à être performantes au boulot et en famille, cette étape de réceptivité et d’accueil n’est pas facile à vivre.

D’autant que les proches susceptibles de nous soutenir dans ce passage n’habitent pas forcément à côté, les amis sont chacun absorbés par leurs vies, et nous ne sommes pas non plus habituées à demander de l’aide.

Les familles sont devenues de petites entités-la responsabilité d’accompagner un enfant qui grandit repose principalement sur 2 personnes- alors qu’auparavant, la famille élargie et la communauté étaient plus présentes. Un proverbe africain dit d’ailleurs que « pour qu’un enfant grandisse, il faut tout un village. » Alors, construisons-nous la « tribu » qui nous convient, tissons des réseaux d’entre-aide, de soutien et de partage autour de nous afin de mieux vivre le post-partum et tous les passages de vie!

Pour s’inspirer, on peut observer que dans de nombreuses cultures traditionnelles (en Asie, en Afrique, en Amérique Latine), les femmes sont bichonnées par d’autres femmes de leur famille ou de leur entourage. Elles gèrent toute l’intendance, apportent leur soutien, prodiguent des massages, cuisinent, s’occupent des autres enfants…Présence, accompagnement et transmission permettent à la nouvelle maman de mieux vivre cette transition et de pouvoir pleinement établir le lien avec son bébé. Dans ces contrées,  la dépression post-partum n’existe tout simplement pas!

Shabd ‘Simran’ Adeniji est sage-femme. Elle a grandi en Inde et nous expose la vision ayurvédique du post-partum que je vous laisse découvrir :

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« J’adore partager la belle coutume indienne des relevailles pendant la période postnatale, période durant laquelle les mamans et leurs bébés restent à la maison pendant 40 jours après la naissance. Je connais bien cette tradition car j’ai grandi dans une communauté Sikh et ai vécu en Inde pendant 12 ans. En tant que mère et sage-femme ayant exercé pendant 8 ans en Nouvelle-Zélande, j’ai beaucoup de plaisir à voir la résurgence de cette pratique postnatale aux Etats-Unis, une tradition commune dans la plupart des pays non occidentaux.

 

Pourquoi 40 jours?

Bien que le laps de temps de cette étape varie, dans la plupart des communautés indiennes, la période des relevailles dure quarante jours ou environ six semaines, ce qui correspond au temps nécessaire à la plupart des femmes pour établir l’allaitement. Les relevailles sont également favorables à la convalescence physique et le niveau d’énergie remonte peu à peu afin de pouvoir revenir aux activités d’une vie normale. Un proverbe indien dit d’ailleurs que « les 40 premiers jours de vie auront un impact sur les 40 prochaines années de vie ».

Les quarante jours des relevailles permettent au corps de la femme de récupérer de l’intensité de l’accouchement : alors que les niveaux hormonaux changent drastiquement, l’utérus revient également à sa taille d’avant la grossesse, la production de lait s’établit et les incisions du périnée ou les césariennes cicatrisent.

Les femmes deviennent mères (même si ce n’est pas pour la première fois) en assimilant les événements liés à la naissance, en s’ajustant au manque de sommeil et en répondant aux nouvelles demandes de leur corps. Cette étape postnatale est exigeante physiquement, mais représente également une précieuse opportunité pour établir le lien avec le nouveau bébé et lui offrir une douce bienvenue en ce monde.

Que se passe-t-il pendant 40 jours?

Je me souviens très précisément des 40 jours chez moi avec ma fille nouvelle-née. En pleine lutte avec les défis de l’engorgement, tendre descente aux enfers, et les montagnes russes des changements hormonaux, j’avais besoin d’être nourrie par les autres. L’aide que mon mari et moi avons reçue nous a aidé à gagner en confiance en nous, en tant que nouveaux parents. Contrairement à ce que peuvent évoquer les relevailles, les femmes qui pratiquent cette tradition ne sont pas seules ni isolées, par conséquent leur niveau de stress et d’anxiété lié à cette nouvelle maternité baisse. Selon mon expérience, les femmes qui suivent cette pratique –y compris celles qui reçoivent de l’aide des autres- ont des taux plus bas de dépression post-partum.

L’intention primaire de 40 jours à huis clos est de fournir protection au nouveau-né délicat et sensible et de permettre à la mère de se reposer et de récupérer. En Inde, les mères sont encouragées à s’abstenir des tâches ménagères, de la préparation des repas, du nettoyage ou même de recevoir des invités. Elles peuvent profiter d’un temps souvent sous-évalué nécessaire à un repos profond et pour être avec leur nouveau-né. Sortir à l’extérieur comprend de courtes balades autour du pâté de maison pour les mamans, mais les bébés restent à la maison sauf en cas de besoin urgent de quitter la maison.

L’Ayurvéda, une médecine traditionnelle vieille de 5000 ans, considère cette période comme une étape sensible pour les mères, en particulier pour le système digestif- d’où l’accent mis sur des aliments simples et digestes. Traditionnellement, les mères reçoivent des massages à l’huile chaude tous les jours. On leur propose des aliments spécifiques mais simples et une variété de tisanes pour favoriser la convalescence et le rétablissement, booster leur immunité et améliorer la production de lait.

Comment recevoir de l’aide ?

Dans la culture traditionnelle indienne, les femmes vivent avec leur belle-famille. Après la naissance, les nouvelles mamans retournent chez leurs mères ou bien leurs mères s’installent temporairement chez elles. De nombreuses femmes proches sont habituellement disponibles pour apporter leur soutien pendant cette étape particulière. Dans nos sociétés, l’organisation post-partum requiert plus de créativité et de planification.

Certaines mamans peuvent compter sur une ou plusieurs personnes proches qui peuvent les aider pendant un temps. Pour d’autres, comme moi, la meilleure option a été de m’offrir les services de quelqu’un pour le ménage et la cuisine ainsi que de demander de l’aide à des amis proches pour d’autres types de soutien. Évidemment, c’est un engagement financier, mais pour mon mari et moi, cela a valu la peine. Je le vois comme un investissement pour le reste de ma vie et la vie de mon enfant.

 

Cherchez des personnes aidantes

Il est important de choisir des personnes aidantes qui sachent respecter l’espace sacré de ce moment. Les tâches peuvent comporter le filtrage des appels et des visiteurs, aider pour les lessives, préparer un « Badaam » épicé (recette à la fin de l’article), préparer des petits plats et des boissons chaudes tout au long de la journée, ou prodiguer un bon massage plantaire – comme l’a fait une amie pour moi pendant que j’allaitais mon bébé pour ce qui me semblait la millième fois de la journée. Les doulas du post-partum peuvent également remplir ce rôle en offrant leur soutien physique et émotionnel tout au long de ces 40 jours.

Dans notre communauté Sikh, un réseau constitué d’amis proches et membres de la famille apporte des repas à la fois simples et délicieux chaque jour pendant ces 40 jours. Un ami peut par exemple créer un « agenda des repas » qu’il coordonnera avec ceux qui s’engagent à cuisiner un repas par semaine pendant six semaines. Cela permet de respecter ces 40 jours pour la maman, même si aucun membre de la famille n’habite dans les environs. D’autres membres de la communauté prennent souvent en charge les autres enfants ou les animaux domestiques, ce qui est très aidant pendant cette période. Tout soutien qui réduit la pression sur la mère et la famille est un cadeau parfait pendant ces premières semaines.

Je sais bien que cela peut être un vrai défi pour les nouvelles mamans de s’organiser pour s’octroyer 40 jours de repos dans leurs vies occupées et stressantes. Certaines mamans ont besoin de retourner travailler ou ont d’autres enfants dont elles doivent s’occuper. Pour autant et malgré toutes ces circonstances, j’encourage les femmes à demander et à accepter de recevoir l’aide dont elles ont besoin pour se rétablir et créer le lien avec leur bébé. Ces premières semaines ne sont à nulle autre pareilles. Peut-être que tout le reste peut attendre pendant seulement 40 jours ? »

 

Recette de la boisson ayurvédique “Badaam”

Faites tremper 10 amandes toute une nuit

1 tasse de lait chaud
½ càc de Ghee (beurre clarifié)
1 càc de miel ou sirop d’érable
1 pincée de curcuma (optionnel)
Enlevez la peau des amandes. Mixez tous les ingrédients ensemble.

Faites chauffer le mélange à feu doux. Servez chaud.

 

Article écrit par Shabd ‘Simran’ Adeniji, sage-femme et éducatrice parentale à Santa Fe au Nouveau Mexique.

Vous pouvez également consulter sa page web : www.mynurturingsolutions.com

Source : Ayurvedic Postpartum by Peggy  O’Mara ~Traduction Brigitte Rietzler // Temesira