Puissance féminine et connexion à notre utérus

La force de l’amour, c’est cela qui émane d’une femme lorsqu’elle est connectée au battement de son utérus

Interview d’Elisabeth Josephs-Serra, qui enseigne une danse tantrique destinée aux femmes

« J’ai 54 ans. Je suis née à Barcelone et je vis à cheval entre la Costa Brava et le Devon (Angleterre). Mariée, j’ai deux enfants. J’ai un master en Psychosynthèse. Nous avons besoin d’une politique qui unisse et non qui sépare. J’ai eu beaucoup de croyances, ce qui me reste aujourd’hui c’est l’expérience, c’est elle qui me guide. »

Lisabeth Josephs Serra, connexion utérus puissance féminine

La chamane
Sa propre quête de sens l’a menée sur divers sentiers, depuis des études formelles en psychothérapie jusqu’à passer dix ans en Inde auprès de différents maîtres. Elle a compris que le problème, c’était notre regard sur les choses : « Toute notre éducation est focalisée seulement vers l’extérieur. J’honore profondément les hommes, mais pas le patriarcat : une façon d’interpréter notre existence. Nous devons apprendre à regarder d’une façon viscérale et diriger nos pensées vers le cœur. Nous sommes tous nourrissants lorsque nous nous ouvrons au féminin, mais ce sont nous, les femmes, qui devons commencer ». Elle exerce comme chamane et travaille avec des groupes de femmes.

Qu’est-ce qu’il nous arrive, à nous, les femmes?
Nous avons perdu notre pouvoir authentique. Pendant des millénaires nous avons suivi le modèle de la soumission.

Ça c’est du passé.
Nous sommes présentes dans le monde culturel, économique et politique, mais en imitant et en agissant à partir du pouvoir reconnu, qui est le masculin immature.

Définissez-moi le masculin immature.
Le masculin immature, dans son besoin de dominer et contrôler, conséquence de la peur qui a pour origine la déconnexion par rapport à son féminin “c’est-à-dire la terre, l’intuition, le corps émotionnel, le profond, le sacré-, a dévalorisé la connexion avec les sentiments et les émotions. Les hommes ont peur des femmes parce qu’ils ont peur de leur propre féminin.

Actuellement beaucoup d’hommes sont tendres et s’impliquent dans leur foyer.
L’époque de la modernité discrédite le macho. La femme s’est masculinisée et l’homme s’est féminisé, mais son modèle est celui de l’enfant tendre, pas celui de l’homme qui prend soin.

Personne n’est à sa place?
Cela fait des millénaires que nous n’expérimentons aucun des archétypes authentiques -masculin et féminin- dans leur maturité. La souffrance que nous vivons actuellement (crise économique, écologique, politique, sociale…) est due à l’impasse relationnelle entre le féminin et le masculin.

Parlez-moi de ce féminin mature.
Le pouvoir féminin authentique se réalise grâce à la reconnexion et au réveil de l’utérus. Dans les traditions anciennes, les femmes sages savaient que leur utérus était le centre de leur pouvoir créateur à tous les niveaux.

Où nous place cette déconnexion?
Nous agissons depuis la peur, et nous ignorons notre véritable pouvoir érotique et sensuel. Si l’on n’est pas ancrée, on est comme un cerf-volant à la dérive, et cela nous met dans une situation de soumission ou de rébellion face au pouvoir masculin immature. Lorsque nous ne sommes pas enracinées nous manquons d’assurance et nous entretenons la fausse croyance d’avoir besoin d’un homme pour voir en lui le reflet de l’amour que nous sommes.

On veut qu’ils nous aiment, c’est logique.
A quel prix?…, en étouffant les émotions. La culture patriarcale a discrédité le pouvoir féminin. La menstruation a été considérée comme quelque chose d’impur que les femmes elles-mêmes cachent, alors qu’en réalité c’est le sang de la vie, il n’est en rapport ni avec la maladie, ni avec la mort. Grâce à ce processus cyclique “pré-ovulation, ovulation, pré-menstruation et menstruation »- on accède aux authentiques archétypes féminins.

De quoi s’agit-il?
Le cycle féminin est en lien avec les quatre saisons, qui correspondent au processus naturel de mort et résurrection. Il ne peut y avoir de création sans mort. Si nous, les femmes, nous pénétrions dans la sagesse de nos corps, nous saurions que pendant la pré-menstruation et la menstruation, nous nous libérons de nos parts d’ombre, ce qui nous permet de créer depuis une autre perspective. C’est comme une désintoxication physique et psychique.

Et que se passe-t-il pour les femmes qui n’ont plus d’utérus ou qui sont ménopausées?
Pendant nos années fertiles, nous vivons dans un état d’apprentissage de notre pouvoir. Lorsque nous arrivons à la ménopause nous avons intégré ce pouvoir en nous : nous sommes la femme sage.

De laquelle on a peur et de laquelle on s’écarte.
En tant que femme, nous sommes conditionnées à avoir peur de montrer notre potentiel authentique (inconsciemment tout du moins) pour ne pas blesser l’homme et qu’il ne nous abandonne pas ou ne nous agresse pas. Et physiquement, nous nous soumettons à une beauté cruelle (chirurgie esthétique etc.) pour paraître éternellement jeune, une fausse imitation de l’authentique beauté.

Qu’est-ce que l’authentique beauté?
La force de l’amour, c’est cela qui émane d’une femme lorsqu’elle est connectée au battement de son utérus et qui, indépendamment de l’âge, la maintient juteuse et sensuelle.

Juteuse et sans homme à ses côtés?
Oui nous sommes juteuses avec ou sans hommes à nos côtés, même si nous avons des maris, des compagnons et des amants. Récupérer le pouvoir féminin, c’est la clef pour sortir de l’isolement collectif.

De quel pouvoir me parlez-vous?
De l’amour bien compris : intuitif, érotique, tendre et féroce à travers lequel l’homme pourra se voir reflété et pourra récupérer sa dignité et sa présence ; c’est uniquement à ce moment-là que  l’on pourra établir le pont créatif et alchimique qui existe de façon authentique entre les deux.

L’amour féroce, ça a l’air agressif.
C’est cela que tant d’hommes craignent, ils ont peur de cette nécessaire furie féminine qui dit les vérités, qui défie le masculin immature, fruit de la peur de son propre féminin. Cette peur qui les déconnecte des émotions et les laisse dans le monde des idées, qui les prive de leur dignité et les remplit de honte et culpabilité d’utiliser un pouvoir qui n’est pas au service de la vie.

Comment nous connecter à notre utérus?
En portant notre attention vers ces parties (utérus et vagin) abandonnées à la science et à l’homme, nous entrons dans une merveilleuse aventure d’éveil à ce que notre intuition entrevoyait.

Mais quelle est la voie?
Pour moi, la voie la plus rapide est une danse qui nous connecte au mouvement en spirale et cyclique de l’univers, et qui nous permet de nous relier à nous-mêmes et d’avoir accès à la sagesse nécessaire à chaque instant. L’observation de notre processus cyclique nous permet d’éveiller les archétypes féminins et de guérir la blessure et la défiance entre femmes, héritage du patriarcat.

Source : La Contra de la Vanguardia – 17 oct 2012 (Ima Sanchís) ~ Traduction Brigitte Rietzler /// Temesira

Samhain : embrasser l’obscurité et la mort

Samhain .-. Halloween .-. Le Jour des Morts .-. Día de los Muertos

À mi-chemin entre l’Equinoxe d’Automne et le Solstice d’Hiver, du 31 octobre au 1er novembre, on célèbre l’ancien festival de Samhain, dont le nom vient du Dieu païen Samana, l’aspect souterrain du Soleil.

Il s’agit d’un temps pour nous adapter à l’obscurité croissante : les jours raccourcissent, les feuilles tombent des arbres et les oiseaux migrent. L’hiver approche. C’est le moment de nous défaire de l’ancien et c’est aussi un temps pour honorer la mort et nos ancêtres. Ces jours-ci, le voile entre les mondes est le plus fin : un portail s’ouvre entre le monde visible de la matière et le monde invisible de l’esprit, une fissure dans la toile de l’espace-temps.

Ceux qui ont quitté la Terre il y a peu ainsi que les ancêtres rendent visite à leurs être chers et traditionnellement, on laissait toujours une place pour eux à la table du dîner, ou on plaçait leur mets favoris sur un autel. C’est le moment idéal pour effectuer un voyage chamanique et recevoir des visions et pouvoirs guérisseurs.

Notre culture patriarcale nous a appris à craindre l’obscurité, la mort et tout ce qui est en lien avec le monde souterrain. Hel, dans la mythologie nordique, était la déesse des morts, reine du monde monde souterrain. On lui a rajouté un l et c’est devenu « hell », l’enfer en anglais. Originellement elle faisait référence à un sanctuaire utérin, une grotte sacrée de renaissance. Dans les cultures matriarcales, le monde souterrain était le lieu des mystères profonds, où avaient lieu la transformation, la régénération, où l’on pouvait mourir pour renaitre. Le feu purificateur était l’utérus de la Terre Mère. Avec le patriarcat est apparue la peur de ce que l’on ne pouvait pas identifier et nommer, et cette caverne s’est ainsi transformée en l’abîme ardent du diable : hell – l’enfer.

Samhain Halloween Toussaint Dia de los muertos Passage Rituel

Désormais, le temps est venu de changer notre regard et de cesser de réprimer et rejeter tant la mort que l’obscurité. À la lumière de la conscience, nous pouvons regarder, affronter, traverser nos ombres -les peurs et les émotions que nous avons refoulées dans nos inconscients- pour libérer les énergies qu’elles gardent captives. À mesure que nous commençons à accepter la présence de l’obscurité et de la mort comme un autre aspect de la vie, elles cessent d’être des monstres que nous devons craindre et deviennent des alliées et des guides à travers le labyrinthe.

Source : Samhain : Abrazar la Oscuridad y la Muerte, par Sophia Style www.mujerciclica.com. ~ Traduction Brigitte Rietzler (Temesira) — Texte inspiré des mots de Glennie Kindred « Sacred Celebrations : A Sourcebook »

Créer son mandala menstruel ou mandala lunaire

J’ai rencontré De Anna l’Am l’année dernière, lors de sa première venue en France. Son inititation a duré 2 jours. Le premier jour, elle nous a proposé de revivre l’arrivée de nos premières lunes et nettoyer à travers différents rituels les mémoires négatives et croyances engrammées à ce moment-là, puis de renaître à notre féminité. Le 2e jour nous avons appris comment mener une Tente Rouge.
J’aime la façon à la fois simple, bienveillante et puissante avec laquelle DeAnna nous fait replonger au cœur de notre féminin et nous accompagne à en guérir et transformer les aspects blessés. En initiant ainsi les femmes à faire la paix avec elles-mêmes et à s’accueillir pleinement, elle contribue à permettre une autre transmission aux générations suivantes. Que dès le départ les jeunes filles se comprennent et s’acceptent mieux et  puissent ainsi pleinement développer leur potentiel dans le respect et la sagesse de leur nature cyclique. Et que les garçons de leur âge connaissent et respectent eux-aussi cette nature cyclique.

Je partage un de ses articles qui encourage la créativité pendant nos lunes. Créer son propre mandala chaque mois permet d’affiner notre connaissance de nous-mêmes tout en exprimant notre énergie créatrice.

« Lorsque je suis tombée sur ce mandala Rouge à couper le souffle de Kathy Klein, l’artiste derrière Danmala.com, quelque chose a fait tilt en moi. Bien que cela puisse représenter quelque chose de totalement différent pour l’artiste, pour moi, pas de doute, il s’agissait d’un mandala menstruel ou mandala lunaire !

Menstrual Mandala

Nos cycles rouges, fluides et récurrents créent des dessins au fil de nos années de menstruations. Chaque semaine un pétale, chaque mois un cercle, chaque année une fleur sur le collier de notre vie. Quelle meilleure représentation pour cela qu’un mandala ?

Le mot sanskrit « mandala » signifie « cercle », et représente l’Univers dans les traditions hindouistes et bouddhistes. L’artiste Kathy Klein a retourné le mot –fait un peu de verlan- et explique sur son site : « dan » en sanskrit védique signifie le Donneur et « mala » -une Guirlande de Fleurs, donc Danmala c’est « La Donneuse de Cercles de Fleurs ». Mis côte à côte Mandala et Danmala deviennent la Donneuse Universelle de Cercles de Fleurs. Qu’est ce que vous en dites comme description de la menstruation ?!

Qu’en serait-il si nous commencions à voir nos cycles menstruels comme des mandalas? Et si nous recherchions les motifs floraux plutôt que les symptômes ? Et si nous cherchions à voir la beauté de nos cycles plutôt que la douleur ?

Vous allez me dire, “Oui, mais ça me fait mal chaque mois…”. La douleur est un signal d’alarme. La douleur n’est pas prée-dessinée. Elle apparaît dans un but précis. Elle pointe pour attirer notre attention sur un schéma, un fonctionnement qui n’est plus d’actualité pour nous, et nous invite à le modifier, à apporter un changement. Être active dans le monde alors que votre corps vous implore de vous reposer, de vous renouveler et de vous recharger –ne fonctionne pas trop, tout du moins pas pour votre corps et votre âme. Bien que votre mental insiste peut-être à vous pousser au travail, aux rendez-vous, à diverses activités – votre corps demande du repos !

Il semble inévitable de prendre un temps pour soi, mais c’est à vous de choisir comment : vous pouvez vous donner à fond pendant vos règles, expérimenter des douleurs physiques, émotionnelles, de l’inconfort, et finir par vous écrouler au lit étant trop « malade » pour travailler…Ou alors vous pouvez prendre votre 1er jour de règle (ou une demi-journée, ou une heure le matin, ou votre pause-déjeuner au travail) et vous retirer dans le calme de votre propre espace sacré. Libre à vous de vous reposer pendant cet instant, ou gribouiller, rêvasser, méditer, écrire, faire une sieste, vous étirer, et…créer un mandala lunaire !

Un mandala lunaire est un motif empreint de beauté. Afin de voir émerger un motif –vous aurez besoin de suivre les traces de votre vie intérieure. Assignez une couleur différente pour chaque émotion, relation, besoin et créez un symbole pour chacun d’eux. Des sentiments harmonieux ou satisfaisants peuvent être représentés par des formes rondes, des lunes, des spirales ou des cercles. Des émotions qui secouent, ébranlent peuvent être représentées par des formes angulaires tels que des angles pointus, des éclairs, ou des flèches en dents de scie. Reliez chaque forme à la couleur qui l’exprime le mieux pour vous.

Commencez à annoter votre calendrier chaque jour avec les formes et les couleurs qui correspondent à vos expériences. Après un mois d’observation, prenez un temps le premier jour de votre flux menstruel pour vous asseoir tranquillement et regarder ce mois écoulé depuis vos dernières règles. Respirez profondément et commencez à organiser vos expériences en un mandala circulaire. Ce qui crée la beauté n’est pas un événement isolé d’inconfort ou de joie, mais le motif d’ensemble qui émerge de leur interaction.

Organisez vos expériences en un Cercle Fleuri Universel! Créez des mandalas (ou danmalas) à partir de la richesse de votre vie intérieure. Mêlez ce qui a fonctionné à ce qui n’a pas marché en une fleur de vie. Au lieu de vous attarder sur les détails, éloignez-vous de la minutie de chaque événement pour adopter la vision panoramique d’un oiseau. Créez le beau chaque mois, comme la Fleur de ce cycle. Qui sait, vous pourriez être surprise : à la fin de votre processus créatif vous réaliserez peut-être que le 1er jour de votre saignement était en fait indolore ! »

Source : http://www.deannalam.com/2013/10/menstrual-mandalas

Pour en savoir plus sur les créations Danmala de Kathy Klein, vous pouvez vous rendre sur la page : www.danmala.com

DeAnna L’am est conférencière, coach et formatrice est l’auteure du « Fil Rouge” (ouvrage disponible en français auprès de Lunafemina). Elle est la fondatrice du mouvement « Une Tente Rouge dans chaque Quartier ». Son travail de pionnière transforme les vies des femmes et des jeunes filles depuis plus de 20 ans. DeAnna accompagne les femmes et les filles à s’aimer elles-mêmes inconditionnellement. Elle s’est spécialisée dans l’accompagnement des femmes pour faire la paix avec leur cycle ; l’enseignement aux mamans dans l’art d’accueillir les filles sur le chemin d’une féminité assumée, et forme les femmes à organiser des TENTES ROUGES au sein de leurs communautés. Pour en savoir plus, rendez-vous sur sa page web : www.deannalam.com

Les rituels de la femme cyclique

Nous les femmes, sommes cycliques, alors qu’on attend de nous que nous soyons constantes et linéaires. Le cycle menstruel est une manifestation permanente de notre pouls circulaire. Pour autant, nous ne nous l’approprions pas puisque nous continuons à ignorer sa puissance au-delà de la manifestation physique. De fait, nous sommes parfois si conditionnées que nous nous sentons incapables de guider nos propres filles, permettant ainsi que leur éducation retombe entre les mains d’amies tout aussi jeunes et peu expérimentées qu’elles. Il est possible aussi qu’en tant que mères, nous ayons bien peu de connaissances sur nos propres cycles et que nous soyons restées tellement traumatisées par nos premières expériences menstruelles vécues dans la solitude et sous la menace, que nous manquions de modèles féminins sur lesquels baser notre transmission.

Pour entrer en contact avec le pouls cyclique qui anime les femmes, les filles ont besoin d’un accompagnement aimant et proche. Dans toutes les civilisations des rituels de transition ont été utilisés pour marquer le fait qu’un individu laisse derrière lui une phase de sa vie et commençe une nouvelle étape de connaissance et perception. Ces rituels marquaient un changement de rang au sein de la communauté, comme par exemple la puberté, le mariage ou la consécration par un prêtre. Ces modifications comportaient également de nouvelles responsabilités et parfois certaines restrictions sociales.

Actuellement, nous avons perdu le concept de rituel. Surtout au moment de la puberté, que plus aucun rituel n’identifie. Subsistent seulement quelques idées autour de l’âge de la majorité, accompagné de certains droits et obligations sociales comme le droit de boire de l’alcool ou de voter. Mais nous ne possédons pas un événement spécifique pour marquer le passage de l’enfant à l’adulte, ce qui les fait osciller entre une étape et l’autre sans être au clair sur ce qu’on attend d’eux.

Le rituel de transition d’une jeune fille devrait signaler le commencement de sa vie de femme. L’acte tangible du premier saignement est un rituel naturel et ce n’est que récemment que nous avons commencé à l’ignorer en tant que tel. La vie de la jeune fille change, car elle cesse d’être linéaire et qu’elle adopte le comportement cyclique de la femme. Elle devra reconnaître, percevoir et accepter le changement en apprenant de ses propres expériences pour mûrir. Il ne s’agit pas d’un changement intellectuel, mais qui passe par le fait de sentir que l’on se transforme en jeune adulte, et pour ce faire la jeune fille aura besoin d’entrer en contact avec sa propre nature féminine.

Le premier saignement est en effet un éveil qui mérite l’accompagnement de femmes mûres qui savent ce que c’est que de vivre la vie au diapason du rythme parfait du cycle. En fait, nous aurions besoin de ritualiser la totalité de notre vie cyclique car ce n’est pas la même chose de saigner ou d’ovuler lorsque nous nous réveillons, marchons, cuisinons, faisons l’amour, étudions, travaillons ou réfléchissons. Il s’agit de moments internes totalement différents qui guident et organisent de façon subtile notre façon d’être au monde, avec une cadence et un rythme spécifiques. Peu importe que les autres ne le reconnaissent pas. C’est indispensable que nous ayons conscience et respections notre rythme en prenant en compte l’essence cyclique, changeante et circulaire de notre être féminin.

En tant que femmes, nous portons le rythme dans nos corps et les hommes peuvent le vivre à travers nous. Il ne s’agit ni plus ni moins que de la force vitale canalisée.

 Laura Gutman – Source : « Los rituales de la mujer cíclica »  ~Traduction Brigitte Rietzler // Temesira

 

Quelques ressources et idées pour guider vos ados lors de ce passage :

– le livre de Maïtié Trelaün : Stella et le Cercle des Femmes et sa page web  Naître Femme

– le livre Le Fil Rouge, manuel de tes premières lunes, écrit par DeAnna L’Am, traduit par Claire Jozan-Meisel et illustré par Marie Nanouk, que vous pouvez vous procurer à travers la page de Lunafemina.

– Participer à une « Tente Rose ». Sur le modèle des Tentes Rouges (d’après le livre d’Anita Diamant)- des groupes de paroles de femmes qui s’expriment autour de thèmes en lien avec le féminin (la maternité, les cycles, l’accouchement, le couple, la relation mère-fille etc.) dans une ambiance  intimiste et bienveillante-, des tentes roses voient désormais le jour (les premières ont eu lieu aux Journées des Doulas 2014)

– Regarder le documentaire Monthlies de Diana Fabianova

– Et pourquoi pas leur offrir un soin rebozo pour les accueillir dans la communauté des femmes et les honorer dans leur nouvelle vie cyclique ?

Le rebozo, un soin au féminin

Les Mexicaines l’arborent depuis des siècles et ont même donné son nom à une technique de relaxation profonde, de plus en plus pratiquée en France. Pour comprendre sa puissance, nous avons testé le « soin rebozo » et découvert un patrimoine féminin universel.

 Rebozo Echarpe Châle Soin Rebozo Rituel de passage féminin
Le rebozo est un châle léger, porté depuis l’époque préhispanique par les Mexicaines. En coton, il protège du soleil et peut servir de panier, y compris pour porter son bébé. Popularisé au début du siècle dernier par l’artiste nationale Frida Kahlo, son utilisation reste courante au Mexique, où il est une fierté culturelle, toutes catégories sociales confondues. A la puberté, chaque jeune fille se voit offrir son propre rebozo, symbole de féminité.

Un héritage traditionnel

Dans un pays où la figure maternelle est sacrée, l’étoffe fait l’objet d’un soin post-natal très apprécié, qui utilise l’écharpe pour ceindre les membres, lentement. Après l’accouchement, la femme est invitée à rester allongée avec son bébé pour reposer leurs corps et encourager le lien mère-enfant. Ses sœurs, tantes, amies ou voisines s’occupent d’eux et prennent en charge les tâches quotidiennes. Au bout de quarante jours, la maman reçoit le soin rebozo, qui permet de nettoyer les toxines de la grossesse et vient marquer cette nouvelle étape de sa vie. Au Mexique, Laurence Kerbarh et Virginie Derobe ont rencontré des accoucheuses traditionnelles et appris à leurs côtés les gestes de ce soin ancestral. De retour en France, elles l’ont adapté et ouvert à toutes les femmes : « Ce soin s’adresse à toutes celles qui sont en train de passer un cap dans leur vie, qui traversent une épreuve ou un changement.» Après une naissance mais aussi face au deuil, à une séparation, un mariage ou une réorientation professionnelle, le soin rebozo est l’occasion d’un recentrage personnel. Donné par deux femmes à une troisième durant deux heures et demie, il est pensé comme une célébration du corps féminin et s’adaptera à la jeune fille qui vient d’avoir ses règles comme à la femme qui entre dans sa ménopause. Une bulle hors du temps, composée de trois étapes majeures, vers une décontraction totale.

Trois femmes, trois temps forts

D’abord il y a le massage à quatre mains. L’odeur de l’huile tiède et la juste pression synchronisée des praticiennes sont une invitation au relâchement. Contrairement à un modelage simple, lorsque quatre mains vous parcourent le corps, le cerveau n’est plus capable de suivre leurs mouvements et lâche prise complètement. Puis vient le temps de la montée en chaleur dans un bain chaud ou un hammam aromatisé aux plantes. Au Mexique, la chaleur a des vertus théapeutiques. Dans les villages, la plupart des familles utilisent encore le temazcal, une petite hutte à sudation de forme utérine, adossée à la maison. Une tisane astringente composée de romarin, de piment, de cannelle et de miel est proposée tout au long du soin. L’objectif est de chauffer le corps de l’intérieur et de l’extérieur pour dilater les tissus et détendre l’esprit. La transpiration se poursuit, la receveuse allongée sous plusieurs couvertures confortables. Emmailloté délicatement, le corps est enveloppé des pieds à la tête, dans un demi-sommeil.
Enfin, c’est le resserage proprement dit : les deux femmes vont placer et nouer le rebozo, en sept points clés du corps : tête, épaules, taille, bassin, mollets et pieds. Disposée de chaque côté de leur cliente, chacune tient un bout du châle qu’elle va tendre progressivement. L’effet est remarquable sur les muscles et les tensions. « C’est elle qui nous dit quand la pression lui suffit », précise Laurence. Parce qu’elle contacte notre mémoire corporelle, celle de l’enfant, contenu, qui s’abandonne, l’expérience est d’une grande force émotionnelle.
Le but : sentir ses contours et réunifier son schéma corporel pour se retrouver soi. La richesse du soin rebozo vient de ce mélange entre méthode et savoir-être intuitif. Une connaissance transmise de femmes à femmes qui trouve ses équivalents partout dans le monde

Post-accouchement

Les femmes qui viennent d’accoucher ont toutes en commun ce besoin d’être très fermement serrées au niveau du bassin, comme pour « se refermer ». Certaines communautés africaines encouragent le port d’un pagne serré sur le bas-ventre, sans oublier la ceinture de grossesse qui n’a pas que des avantages esthétiques en post-partum. Le soin rebozo est conçu comme un passage : on clôt une situation pour s’ouvrir à une autre. « Nous appelons intention l’état d’esprit dans lequel la personne vient nous voir quand elle prend rendez-vous, explique Laurence. L’intention lui permet de poser ses attentes et à nous de l’accompagner au plus près de l’énergie dans laquelle elle se trouve. Cela peut être aussi de s’offrir une pause, tout simplement.» Proposé par environ cent quarante praticiennes certifiées à travers la France, il est enseigné, entre autres, à l’Ecole de formation rebozo et s’ouvre aux professions médicales qui y voient un véritable outil. En serrages doux ou en bercements, ces quelques centimètres carrés de fibres naturelles intéressent déjà les sages-femmes et les éducateurs spécialisés. S’il fait une arrivée discrète en France depuis quelques années, sa formule séduit et les séances s’offrent même en cadeaux entre filles, vers le partage d’une féminité heureuse.

Pour trouver des praticiennes près de chez vous, consultez l’annuaire : www.rebozoaufeminin.fr 

Source : BioInfo « Le rebozo, un soin au féminin » – Lucile de la Reberdiere (22 Avril 2014)

Petit rituel amazonien pour vivre ses lunes autrement

Ce rituel a été transmis par une femme indigène de l’Amazonie à l’une de mes amies chères qui m’a fait l’immense faveur de me le transmettre à son tour il y a quelques années. Grâce à cette pratique constante, j’ai vu mon cycle se synchroniser avec la lune et j’ai réussi à identifier le jour exact de l’ovulation et de l’entrée dans mes lunes. C’est assez simple et adaptable, le principe de base étant de reconnaître notre nature cyclique.

Cet exercice nous invite à trouver du temps, ne serait-ce qu’un instant à se dédier à soi-même pour prendre soin de soi et s’aimer. Le grand cycle de la vie s’exprime chaque mois en chacune de nous ; tout naît, grandit, se développe et meurt. Nos capacités et nos attentions s’expriment aussi de façon cyclique, tout au long du mois notre niveau d’introspection et d’extraversion varie. C’est une bonne idée de prendre conscience de ce fait et de voir le potentiel de transformation contenu dans cette petite mort physique, émotionnelle et énergétique.

1er jour : Ne faites que ce dont vous avez envie. C’est un jour pour évaluer et réfléchir à la lune qui vient de culminer. Comment avons-nous vécu les différentes expériences, émotions, réponses et même jugements. Quelles attitudes souhaitons-nous répéter et quelles réponses souhaitons-nous améliorer ? Il ne s’agit pas de se faire des reproches, c’est simplement une auto-évaluation honnête. Si le saignement est accompagné de douleur, explorez des techniques et des outils qui permettent de la comprendre et la diminuer. Durant cette journée, ne prenez pas de douche car le changement de température bloque le processus d’écoulement. De la même façon et selon vos possibilités, n’utilisez pas d’anti-transpirants. Le processus de lâcher englobe le corps dans sa totalité et de nombreuses toxines sont libérées au niveau des aisselles. C’est un jour pour drainer à tous les niveaux, pour faire une pause dans notre vie et nos rythmes.

2e jour : Rendre à la Terre. L’idée est qu’une partie de ce sang soit rendu à la terre comme une offrande. Vous pouvez avoir un pot avec de la terre et y mélanger le sang (cette terre pourra être utilisée comme engrais). Le concept lié à la coupe menstruelle est que le sang se collecte, il n’est pas absorbé (comme dans le cas des tampons ou serviettes). Ainsi, dans ce schéma, les menstruations sont perçues comme du matériel organique et non comme un résidu.

3e jour : Offrez-vous un bain de sels ou de fleurs. Un jour parfait pour un gommage. Se défaire du superflu, se laver. Ranger sa chambre, mettre de l’ordre dans sa tête, revoir ses projets…qu’est-ce que j’ai envie de créer ce mois-ci ? Un bon jour pour rêver, pour écrire, pour projeter les désirs du cœur.

4e jour : laissez-vous aller à la danse! Au rythme d’une musique ou même du silence, l’important est de sentir le mouvement du corps et de se laisser porter, de célébrer la féminité et le renouveau de ce nouveau cycle qui commence : nous avons l’opportunité de tout développer à nouveau ! Un bon jour pour s’exprimer de façon artistique, peindre, modeler. Un jour pour se réjouir du bonheur d’être et d’exister.

« Les énergies du cycle menstruel ne doivent pas être contenues ni contrôlées, car le fait de les bloquer ou les couper peut les rendre destructrices ; au contraire, elles doivent être acceptées comme un flux qui a son propre mode d’expression et contre lequel nous ne devons pas lutter. » Miranda Gray, Lune Rouge.


Texte original de Diana Vegas – Placentera « Una opción placentera para los días de luna » ~ Traduction : Brigitte Rietzler // Temesira